La Fondation Dokeos s’engage contre les inégalités digitales

L’Ouganda est un des pays les plus pauvres du monde. Le taux de fécondité y est de 5 enfants par femme et la grande majorité de ces enfants ne savent ni lire ni écrire… ni utiliser un ordinateur. La Fondation Dokeos œuvre à l’alphabétisation et la digitalisation de 30 enfants au sein de la Communauté Ajibu, dans le petit village de Jinja, à 100km à l’Est de Kampala.

Precious, petite fille de 5 ans résidant à Bugonoka en Ouganda, demande chaque jour à ses parents de l’amener chez l’ONG Ajibu community pour utiliser l’ordinateur. Et aussi bien sûr regarder l’Age de Glace. C’est l’un des 30 enfants qui viennent dans ce centre éducatif tous les jours pour apprendre à manier les outils informatiques. Grâce à la fondation Dokeos.

« J’ai fait envoyer des ordinateurs qui ont été installés dans l’Ajibu community », une ONG située à l’est de l’Ouganda,  raconte Thomas De Praetere. « L’équipe de la Fondation Dokeos a passé deux jours à installer sur ces ordinateurs des ressources éducatives pour enfants » ajoute le CEO de Dokeos qui évoque Ubuntu, des e-books, des livres pour enfants, des jeux pour apprendre à lire, à compter et des films comme L’Age de Glace pour apprendre l’anglais, via les sous-titres. C’était le premier projet de la Fondation Dokeos. « L’idée est d’apporter aux populations éloignées des villes et donc des lieux d’innovation, des outils, des méthodes, du contenu qui leur permettent de faire connaissance avec le digital » explique-t-il.

La société Dokeos est spécialisée dans le Digital Learning et accompagne plus de 400 entreprises françaises et étrangères dans leurs projets de formation et de montée en compétence. Une société fondée en 2004 par Thomas de Praetere qui souhaite mettre en pratique ses valeurs, comme l’écoute, l’adaptabilité, l’audace et l’intelligence collective. L’objectif de la fondation Dokeos est alors de contribuer à la justice sociale en réduisant la fracture numérique.

Effectivement les inégalités sur l’usage d’Internet sont dramatiques notamment dans les pays du Sud. Justement en Ouganda, où un habitant sur trois vit encore dans une situation d’extrême pauvreté, seulement 20 % de la population a accès à Internet contre 92% des Européens.

Dans la région de Luuka, les enfants travaillent sur des ordinateurs fournis par Dokeos

Ajibu Community, un projet d’avenir

Dans la région de Luuka en Ouganda, où se trouve le petit village de Jinja, 63 % des ruraux ne parviennent pas à terminer leurs études primaires parce qu’ils manquent de ressources telles que des livres, des repas, des soins de santé et du matériel d’étude. L’ONG Ajibu Community a été fondée dans ce même but : transformer les populations rurales par la promotion de l’éducation en la rendant disponible, accessible et enrichissante pour chaque enfant.

La fondation Dokeos s’est associée tout naturellement à ce projet par l’intermédiaire de la consultante Nele Noe qui nous a mis en relation avec Timothy David Wambi, le dirigeant de l’ONG. Il s’agit d’un Ougandais très entreprenant qui se dévoue pour aider les enfants analphabètes de villages perdus, 15 ans après la guerre civile qui a ravagé le pays. Avec des fonds limités, Timothy travaille dur pour aider ces jeunes enfants à leur construire un futur meilleur.

En partenariat avec Ajibu Community, la Fondation Dokeos a donc élaboré un dispositif éducatif informatique basé sur des logiciels open source, du contenu libre de droit ainsi que des méthodologies éducatives, qui permettent à un petit nombre d’instructeurs, de former une trentaine d’élèves à l’utilisation d’un ordinateur. Les réflexes simples qu’un internaute occidental met en place instinctivement mais qui n’ont jamais été inculqués en Ouganda. L’allumage de l’ordinateur, la navigation sur Internet, y trouver ce que l’on cherche, lire, calculer mais aussi comprendre. Tout cela afin qu’ils aient accès à toutes les ressources que l’on peut trouver sur Internet et qu’ils puissent s’autoformer.

Une approche différente : « Trade but not aid »

« Trade but not aid » aimait à déclarer l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair au sujet de l’engagement humanitaire en Afrique. Dokeos a fait sienne cette formule en l’appliquant à l’échelle de la Fondation Dokeos. Car le but étant également de détecter les talents qui seront les acteurs du digital de demain. A contrario de l’humanitarisme qui renforce paradoxalement la dépendance Nord-Sud, cette approche se veut win-win. Le CEO refuse de parler d’humanitaire qui est « toujours une mauvaise approche » et préfère parler sans ambages « d’économie ». Il faut seulement « savoir appréhender le marché et permettre à chacun d’y entrer » détaille Thomas.

« Face à l’innovation, soit on résiste, soit on essaie de monter dans le train en essayant d’avoir la meilleur place. If you can’t be them, join them. Je suis pour l’innovation technologique qui a un rôle immense à jouer dans l’économie et dans nos problèmes actuels. Ceux qui n’y sont pas sont les perdants parce qu’on leur demande d’etre digitaux. »

 Selon Thomas, équiper les régions reculées avec des salles de classe digitales créerait donc un cercle vertueux. Evidemment, il faudrait y trouver les professeurs adéquats pour y enseigner (informatique mais aussi toutes les matieres que l’ordinateur véhicule). On pourrait y mettre en place des procédés de digital learning, utilisant un LMS (Learning Management System) pour avoir accès à des ressources et à des tuteurs distants. Cela représente le début d’une relation d’aide simple, low cost et basée sur un intérêt économique des parties : « tu te formes, je te forme et un jour je pourrai te recruter » explique le CEO, en évoquant un projet éventuel de construire une école de coding en Ouganda.

La Caravane Digitale, un projet bientôt sur roues

L’Ajibu community est le modèle que la Fondation Dokeos souhaiterait reproduire pour une aventure encore plus ambitieuse : la Caravane digitale, autobus itinérant dans le Sud du Maroc qui dispose des dernières technologies informatiques et éducatives. Date de début de l’aventure : Septembre 2024. Pour cela, la Fondation a décidé de mettre en place un partenariat avec le ministère de l’Education nationale marocain, la société Skysun, spécialisée dans l’énergie solaire et l’AGTDC (Association Grand Tinejdad pour le développement et la coopération) qui participe à l’amélioration des conditions de vie des locaux. Le projet sera innovant autour de l’éducation au digital des jeunes filles et des jeunes garçons dans les régions les plus défavorisées du Maroc et au-delà. Il s’agira d’orienter lycéens et étudiants dans le domaine de l’informatique.

Dans la même logique que l’Ajibu Community, Thomas y voit un formidable levier pour le recrutement du futur. Dans le monde de 2025-2030-2035, l’économie « aura énormément besoin d’informaticiens, de developpeurs, d’analystes, de programmeurs, de Scrum masters, de gestionnaires réseau ». Il y a donc des places à prendre pour les ingénieurs de demain. Ces jeunes gens ne doivent pas rater le tournant du digital ! La fondation Dokeos communiquera bientôt plus largement sur ce sujet. En attendant, si vous êtes interessé par le projet, en tant que bénévole, ONG ou entreprise, contactez-nous !